Se vider l'esprit...

Regardant le sol part une fenêtre qu’il avait ouverte dans le couloir près des escaliers, le jeune Neko se demandait bien ce qu’il allait faire pour se libérer le cerveau, il avait pensé à faire un tour à la bibliothèque pour lire un bon livre, mais il s’était vite démotivé, il n’avait pas l’âme d’un lecteur en ce moment-là. Quand il repensait aux évènements précédents, il soupira d’ennui en écrasant son front contre ses mains, se disant qu’il aurait bien pu éviter ce qu’il s’était passé en faisant comme d’habitude : fuir. Il pouvait partir plus tôt, claquer la porte derrière lui et se calmer tranquillement, mais le sujet abordé était un sujet viscéral pour lui et il ne pouvait rester indifférent comme les autres fois, il ne pouvait rester sans rien dire.
Se redressant tout en s’étirant, Yûshû passa ses deux mains dans sa poche ventrale et regarda autour de lui d’un regard triste, se demandant bien ce qu’il pourrait faire pour passer le temps. Il ne connaissait pas le pensionnat donc il se demandait dans quel endroit il pouvait bien s’isoler et reprendre un calme dans son esprit avant de s’endormir tranquillement dans son lit avec un esprit sain.
D’un coup, il se dirigea vers les escaliers, attrapant la rambarde d’une main, couvrant sa bouche de l’autre car il baillait, il ne savait toujours pas ce qu’il allait faire, mais il devait bouger pour trouver. Le pensionnat était d’un vide le soir, personne n’errait dans les couloirs, sauf le garçon aux cheveux sombres. C’était une chance pour lui, au moins il ne voyait personne qui pourrait l’importuner, il ne voulait pas user de ses paroles ou d’un regard hostile pour faire fuir quiconque l’indisposerait, il n’était pas motivé pour faire ça, il était motivé pour rien en fait, juste se retrouver seul et faire le vide dans son esprit.
Le regard se baladant un peu de droite à gauche avec cette absence d’éclat qui caractérisait la tristesse dont il était emprunt, descendant une à une les marches de l’escalier en se tenant à la rambarde pour plus de sécurité, le Neko arrivait à son rythme au rez-de-chaussée et, une fois atteint, s’avança en lâchant ce qu’il tenait vers un embranchement où un panneau d’indication était accroché sur un mur, à bonne hauteur. Il s’arrêta juste devant, regardant toutes les indications qu’il y avait, puis ferma les yeux tout en envoyant son index pointer un endroit au hasard, il n’arrivait pas à se décider. Ouvrant les yeux, il regarda l’endroit que son doigt marquer, le foyer, endroit réservé aux élèves qui ne devait pas être fréquenté à cette heure-ci. Soupirant, le jeune garçon passa de nouveau ses mains dans sa poche ventrale et marcha en direction du foyer, l’aile Nord.
Suivant chacune des indications que les panneaux lui donnaient, après plusieurs minutes de marche lente, Yûshû se retrouvait juste devant la porte du foyer, une porte comme toutes les autres pour lui, il enleva une main de sa poche ventrale et fit céder la poignée sous une légère pression, faisant ouvrir la porte. Il s’engagea dans la pièce, descendit l’escalier en attrapant la rambarde métallique accrochée au mur et regarda autour de lui. Il y avait trois tables qui comptaient six chaises, deux canapés rouge face à face avec une petite table basse au milieu devant une cheminée. A l’autre bout de la salle, dressées contre le mur, des armoires qui devaient contenir bon nombre de jeux de sociétés ou d’autre jeux interactifs. Soupirant d’ennui, le jeune solitaire dépassa le premier canapé, s’avança vers la cheminée et, appuyant sur un bouton, alluma le feu. Peut à peu, une douce chaleur emprunt la pièce, rendant son ambiance moins glaciale, l’idéal pour se reposer. Retirant ses chaussures, il s’installa sur le canapé et posa son regard sur le feu à l’intérieur de la cheminée, laissant lui échapper un soupire de lassitude.

Le soir . C’est si calme , c’est si vide malgré l’été . Il ne faisait même pas encore nuit , c’était à peine si le ciel se colorait des douces couleurs du crépuscule . Pourtant , alors que la plupart des élèves devaient vagabonder en groupe dehors , quelques rares personnes s’étaient réfugiées à l’intérieur , dont Kin accompagnée de Roberta . Après tout , elle n’avait pas eu le choix . C’était ça ou gambader dans l’herbe folle avec un paquet de crétins et paons endimanchés . Voyez bien qu’elle refusa . Ainsi , la demoiselle avançait dans les couleurs de Jinoku High School , regardant de temps en temps les autres s’amusaient à travers les fenêtres . Quel spectacle pathétique à ses pauvres yeux vides et froids . Qu’ils étaient naïfs à s’amuser et rire pour un rien . Qu’ils semblaient heureux de vivre , de passer ce moment avec l’autre … Comme elle les enviait .
Mais jamais elle n’avouerait sa jalousie qui la rongeait peu à peu . Et elle se convainquait du fait qu’elle était mieux seule , sans personne à supporter , sans personne pour la blesser . Mais pourquoi s’arrêtait-elle alors devant cette fenêtre ? Avec un regard qui peu à peu se teintait de mélancolie pour enfin se noircir de rage . Alors elle détournait violemment sa tête et continuer son chemin , les poings fermés . Elle était bête au final , à s’énerver pour un oui ou pour un non . Cependant elle préférait passer pour une névrosée au lieu d’avouer tout ce qui lourdait son cœur .
Alors , elle marchait , passablement agacée par son humeur lunatique . Elle le savait pourtant , elle le savait ! Que si elle allait ici , tout changerait … Que si elle quittait son monde , tout se briserait . Comme elle aimerait retourner dans son quartier , aussi mouvementé soit il . Même si là bas , on la haïssait , même si elle n’était pas désirée dans sa propre demeure , elle aurait tout donné pour y retourner dans l’immédiat . Car au moins , elle n’aurait plus peur de savoir ce qui allait lui tomber dessus .
Enfin , après avoir marché longuement , à avoir retourné encore et encore quelque idées saugrenues - comme s’enfuir en emportant toutes les réserves de nourriture - , la demoiselle aux yeux émeraudes arriva devant une grande porte . Une grande porte vitrée . La jeune fille haussa un sourcil , intriguée . Et avec un peu d’observation , elle remarqua enfin le panneau « Foyer » . Ah . Ainsi , elle était au foyer , un lieu réservé tout simplement aux élèves . Une grimace vint se dessiner sur le visage de l’adolescente . Elle qui voulait les fuir , voilà qu’elle tombait sur leur repère . Immédiatement , elle se retourna , réfléchissant déjà sur qui elle pourrait passer ses nerfs et à quel endroit .
Pourtant , après avoir fait un pas , elle s’arrêta , restant dos à la porte . Malgré le fait que ce soit le foyer des élèves , il n’y avait aucun bruit , aucun éclat de rire exécrable sortant de la pièce et à priori , c’était vide . La demoiselle tourna doucement sa tête , hésitant . J’y vais ou j’y vais pas , telle est la question qui tournait dans sa tête . Si elle y allait , c’était comme se ter dans la gueule de loup ; elle trouverait pleins d’adolescent heureux de vivre , d’être là et patati et patata … Mais s’il n’y avait personne ? Et si ils étaient tous ailleurs ?
La curiosité l’emporta ou plutôt le désir d’être seule et de se laisser aller en paix . D’un geste vif , elle se retourna , s’avança vers la porte et posa sa main blanche sur la poignée . Elle hésita , encore , puis enfin se décida . Elle tourna la poignée et poussa douve ment la porte , qui s’ouvrit avec un petit grincement . Et quand la porte fut entièrement ouverte , aucun bruit n’en surgit . Rien , nada , que dalle . La demoiselle souffla de soulagement , puis s’avança dans la pièce en refermant la porte derrière elle . Elle jeta ensuite un rapide coup d’œil à la pièce , qui ressemblait à n’importe quel salon . Et son regard se posa sur une tête dépassant d’un des canapés rouges . Dommage ma belle , tu n’étais pas toute seule .
Tant pis , la solitaire haussa les épaules puis s’aventura dans la pièce , cherchant un endroit où se poser . Son choix se porta en premier au coin du feu . Mais trop près de ce qu’elle identifiait comme un garçon . Alors elle vint se poser contre la fenêtre , et par la même occasion , observa le petit monde dehors . A en vomir . La demoiselle souffla de mépris , puis détourna son regard , cherchant quelque chose d’intéressant à faire . Pas question de taper la causette à l’autre , c’était pas dans ses gênes .
Finalement , elle laissa Roberta appuyée contre le mur , puis se dirigea vers les étagères où reposaient les jeux . Rien d’intéressant non plus . Quel endroit ennuyeux finalement …
Alors , elle revint chercher sa batte et allât s’asseoir sur le canapé libre . Elle retira ses bottes à semelle compensée , laissa tomber Roberta au sol et s’allongea sur le canapé se servant de l’accoudoir comme appui pour sa tête . Elle posa ensuite son avant bras sur ses yeux afin de bien montrer son incapacité à réagir si on avait le malheur de lui causer , de lui demander de laisser de la place ou toute autre requête . Elle squattait là , point barre .

Une pièce vide, simplement le crépitement des flammes en fond sonore…quoi demander de plus pour un jeune solitaire voulant se retrouver seul ? Le rester pendant un long moment peut-être…mais ce ne fut qu’un vain espoir car un grincement caractéristique de la porte vitrée qui s’ouvre résonna dans la pièce, bruit néanmoins ignoré par le seul occupant qui ne faisait plus attention à rien, les yeux à demi-fermés rivés sur le feu de cheminée. Cet occupant se sentait si bien, entouré d’une douce chaleur et de son voile de solitude, un voile imaginaire mais très agréable pour lui.
Quand quelques bruits mats retentirent, les yeux du Neko s’ouvrirent un peu plus, cet éclat de tristesse toujours présent dans son regard qui lui était caractéristique, et se rivèrent sur l’origine de ses bruits qui semblaient être ceux de bottes qui tapaient sur le carrelage. Ceux-ci provenaient bien de bottes portées par une silhouette féminine qui laissa la porte se refermer derrière elle dans le même grincement. Cette silhouette portant une veste couleur d’excrément d’oie avait dans ses mains un objet insolite, tellement que le solitaire en haussa les sourcils dans un bruit de surprise néanmoins inaudible. Pourquoi quelqu’un se baladerait-il avec ce genre d’objet ? Par soucis de sécurité ? Ou par pur plaisir de tenir quelque chose dans ses mains pendant qu’il marche ? Aucune idée, encore une subtilité de la race humaine qui l’échappait, parmi tant d’autre. Il ne pouvait les compter, pourquoi les gens s’appréciaient, s’aimaient ou se détestaient, pourquoi ils avaient ce besoin énorme de se retrouver en communauté ou même de parler, que de questions sans réponses apparentes se chevauchaient dans le crâne du brun.
La fille descendit les quelques marches qui formaient l’entrée et s’arrêta, jetant un léger coup d’œil à la pièce. Alors que son regard se posa sur le seul présent dans cette pièce, celui-ci ramena ses cheveux devant son visage et, attrapant sa capuche avec ses deux mains, recouvrit son crâne avec, dévoilant les deux oreilles de chats cousues par un fil noir qui ne se voyait pas. Il reporta son attention sur la cheminée, examina le dessous de la vitre et remarqua un bouton rotatif où l’on pouvait distinguer de nombreuse graduations blanches, sans doute était-ce le bouton qui permettait de réguler la taille des flammes, donc la chaleur dans la pièce. Hochant très discrètement la tête, le garçon tourna la tête et suivit la fille du regard, la vue obstruée par ses cheveux mais il avait l’habitude. Cette fille se dirigea dans un premier temps vers la fenêtre où elle déposa ce qu’elle avait dans les mains mais qu’elle quitta après un souffle méprisant qui intrigua le Neko, haussant un sourcil en se demandant pourquoi elle avait fait cette chose-là. Cette fille regarda un instant les étagères remplies de jeux mais, revenant chercher sa propriété, rejoignit le garçon auprès du feu, s’installant sur le canapé libre. Elle retira ses bottes aux semelles compensées, fit dédaigneusement tomber l’objet en bois qui heurta le sol dans un bruit mat et s’allongea sur le meuble de salon en se servant de l’accoudoir comme appui pour sa tête.
Alors qu’elle posa son avant bras devant ses yeux pour bien faire comprendre qu’elle n’était pas disposée à démarrer quelconque discours, le jeune garçon l’observa d’un air intrigué derrière ses mèches de cheveux mais il n’en fut pas moins satisfait que cette fille n’avait fait aucune remarque sur ses oreilles de chat ou pris parole, ils se retrouvaient donc dans un silence agréable avec toujours en bruit de fond l’apaisant crépitement des flammes dans la cheminée. Yûshû posa, par simple curiosité, son regard sur la propriété de cette fille et l’examina tout en se demandant encore une fois pourquoi elle se baladait avec une batte dans un établissement scolaire. N’empêche, quelque chose le chiffonnait mais il ne savait pas quoi, ça avait rapport avec cette batte, mais quel rapport ? Il ne pouvait l’expliquer. Les sourcils légèrement froncés, il regardait ce bout de bois sans comprendre la chose qui l’indisposait.
C’est alors qu’il se leva, remettant bien ses chaussures l’une à côté de l’autre avec son pied, et s’avança doucement vers le canapé où la fille s’était installée, ayant une petite idée sur la chose qui le chiffonnait. Il s’arrêta juste devant la batte, se pencha en avant pour l’attraper et la ramena vers son visage pour l’examiner quelques secondes avant de bien la déposer contre le canapé, le bout le plus fin au sol. Se reculant d’un pas, il regarda cette batte, se sentant un peu mieux, il hocha discrètement la tête et se dirigea vers la cheminée, le regard rivé sur le bouton rotatif qui réglait l’intensité des flammes. Fléchissant les jambes, le garçon attrapa le bouton et le fit tourner dans le sens des aiguilles d’une montre, avisant la taille des flammes. Il s’arrêta de manipuler le bouton quand il fut satisfait, les flammes ayant une bonne ampleur, ça dégageait encore plus de chaleur et cela en était encore plus agréable. Le Neko revint alors s’installer dans le canapé, s’allongeant puis courbant le dos pour adopter une position ressemblant à un chat qui dort, et ferma à moitié les yeux tout en lui laissant échapper un ronronnement perceptible aux oreilles de la fille, il se foutait d’avoir des réactions de sa part, il n’avait qu’à l’ignorer et c’était ce qu’il allait faire, ayant bien dans l’idée de rester sans parole.

Avec une lenteur et douceur presque inquiétantes , la demoiselle coulait peu à peu dans une perfide somnolence , bercée par le crépitement des flammes , engourdissant ses sens . Il faisait bon , là , au coin du feu , à ne pas s’inquiéter de ce qu’il y avait dehors , à ne plus douter de rien . De plus , le jeune homme face à elle , sur l’autre canapé rouge flamboyant était d’un agréable compagnie pour la simple et bonne raison qu’il ne parlait pas et ne faisait aucun bruit désagréable . Le contexte parfait pour s’endormir en toute quiétude en somme .
Ainsi , les traits de son visage se décrispèrent , laissant apparaître une sincère sérénité , devenue si rare chez la solitaire à la batte . Les yeux clos , en train de se laisser entraîner par Morphée , quelque chose attisa son intérêt . En effet , le jeune homme jusqu’alors aussi calme qu’un pot de fleurs remua . Immédiatement , la demoiselle souleva un peu son bras , afin d’apercevoir correctement ce que faisait le jeune homme . Elle remarqua alors qu’il portait une capuche avec de oreilles de chats … Fort intriguée , cela suscita un simple haussement de sourcils de la demoiselle . Et elle fut encore plus intriguée lorsqu’elle le vit près d’elle , pile en face de sa chère et tendre Roberta . Immédiatement , la fille solitaire releva son bras , et se redressa légèrement , prête à anticiper une quelconque réaction hostile .
Mais à sa plus grande surprise , le jeune homme se contenta de prendre sa batte et de la reposer ensuite contre le canapé , correctement . Quel comportement étrange . Était-ce un maniaque ou un autre truc de ce genre ? Eh bien . Soit , elle n’allait pas en faire une maladie , il s’était juste contenté de la remettre en place … Mais , comment dire , cela titillait la curiosité de l’adolescente . Alors qu’il s’en allait près de la cheminait , elle ne l’avait pas quitté des yeux , observant chacun de ses gestes avec précision souhaitant absolument trouver un indice . Mais un indice à quoi , exactement ? Juste pour avoir replacer un malheureux bout de bois ? La voilà qui devenait complètement paranoïaque .
La fille aux yeux verts secoua alors sa tête , comme pour s’enlever ses idées saugrenues puis empoigna sa batte , la blottit contre elle et se réinstalla confortablement sur le canapé soit allongée sur le côté , dos au garçon . Plus les secondes s’écoulaient , et plus la chaleur ambiante de la pièce augmentait . Sûrement le garçon aux oreilles de chat avait augmenté la température du feu . Une pas si mauvaise idée que ça au final , car la fille à la batte se laissa tombait dangereusement dans les bras de Morphée , un bon amant apparemment . Sa vue se brouillant , elle ferma complètement ses jolis yeux émeraudes et décontracta ses épaules , puis resserra son emprise sur sa précieuse batte . Morphée ne tarderait pas à l’emporter .
Mais , encore une fois , quelque chose la sortit de cet état somnolent . Des sortes de … de ronronnement , comme un petit chaton qui éprouvait un profond plaisir à se faire câliner . Pourtant , il n’y avait pas de chat dans cette pièce , ni dans la pension ! Les animaux étaient , lui semblait-il , interdits . Elle ouvrit alors grands se yeux , se releva d’un bond , s’emparant de Roberta au passage . Elle regarda à droite , à gauche , cherchant d’où provenait ces ronronnements . Elle détailla chaque recoin de la pièce , mais aucun animal ne semblait y être … Et tout simplement , ses yeux verts se posèrent sur le jeune homme , roulait en boule sur le canapé comme .. Comme un chat ! C’était donc de lui que provenaient les ronronnements . Que c’était étrange ! La solitaire le regarda avec surprise , étonnée et surtout intriguée du comportement du jeune homme . Un chat … elle était tombée sur un garçon qui se comportait comme un félin .
Face à cette surprenante découverte , la jeune fille changea de position , afin de s’asseoir . Elle posa délicatement sa précieuse Roberta , puis passa une main sur son visage blanc , et l’arrêta sur sa bouche rosée , signalant son étonnement . Il y avait des gens bizarres à Jinoku High School , quand même … Elle ne quittait plus le jeune homme du regard tant elle était intriguée … Tant de personnes avaient provoqué sa colère , tant le jeune homme chatouillait sa curiosité …
A pas de velours , la jeune fille se releva , abandonnant Roberta et s’avança vers le jeune homme . Elle avait besoin de se confronter à la réalité et de savoir si c’était bien de lui , un être humain , d’où venaient ces bruits animaux . Elle arriva donc face au canapé , jumeau de celui où elle était allongée , debout , les bras ballants et le regard figé sur ce garçon . Doucement , elle leva sa main , s’apprêtant à toucher du bout du doigt le jeune homme , comme ferait un enfant lorsqu’il voit pour la première fois un chien , pour s’assurer si oui ou non la bête et dangereuse . Sauf que la demoiselle s’arrêta à mi-chemin , se demandant bien ce qu’il lui passait par la tête . Elle laissa échapper un soupir d’exaspération , puis se retourna en passant une main dans ses longs cheveux bruns presque noirs , les faisant voleté au passage . Elle enfourna ensuite les mains dans ses poches , et se laissa tomber mollement sur l’autre canapé apostrophant ainsi une posture garçonne . Plus question de se turlupiner à propos de ce gars , se répétait-elle inlassablement dans sa tête , refusant de s’intéresser à un quelconque être humain .

La vue obstruée par ses mèches et brouillée par la venue d’un sommeil bien mérité, le jeune garçon ne gardait pas moins les yeux à minimum ouverts pour observer discrètement cette fille en face de lui, un air intrigué sur le visage, se demandant ce qu’elle allait bien faire. Celle-ci qui allait s’abandonner aux bras de Morphée s’était réveillée et assise à l’entente du ronronnement émit par ce garçon qui avait adopté comme manières celles des félins. Elle avait porté sa main devant sa bouche pour souligner l’étonnement qu’elle affichait face au comportement étrange de l’autre occupant de la pièce qui s’interrogeait sur la suite des évènements. Il ne pensait pas qu’un simple ronronnement et une simple position pouvait susciter autant d’étonnement et de curiosité de la part d’une tierce personne, ça l’intriguait et s’attendait maintenant à tout comportement de la part de cette personne. Ce n’était pas pour cela que ce jeune solitaire allait bouger le moindre cheveu ou arrêter son paisible bruit qui en disait long sur son actuel état d’esprit.
Néanmoins, il ouvrit un peu plus les yeux quand il vit la fille se lever et s’approcher à pas de velours du canapé où il était installé, il était de plus en plus intrigué par la personne de cette fille, se demandant bien ce qu’elle allait faire une fois qu’elle serait proche. Quand cela arriva, elle avait le regard figé sur lui, la même chose de l’autre côté mais moins voyant, et après quelques instants elle leva doucement la main pour ensuite approcher son doigt du jeune garçon qui se prenait pour un félin, celui-ci s’attendant à un éventuel contact mais n’allant tout de même pas sauter sur la pauvre fille pour l’en empêcher, ça ne serait pas son genre. Mais, alors que la main était arrivée à mi-chemin, la fille aux yeux émeraude sembla changer d’idée, arrêtant la trajectoire de son bras, et un soupire d’exaspération lui échappa, ce qui surprit grandement le Neko qui haussa les deux sourcils, néanmoins cachés par ses cheveux couvrant son visage. Pourquoi avait-elle soupiré comme ça ? Est-ce que le comportement du garçon la dépassait ? Sans doute, du moins c’était ce qu’il pensait, personne ne devait comprendre pourquoi il avait une telle obsession pour ses félins…il avait entendu que les chats n’étaient autre que des animaux solitaires qui n’avaient pas besoin de lien avec un autre animal, du moins le besoin ne se faisait ressentir qu’assez tardivement car il avait entendu que le chat n’avait qu’un seul maître.
Sous le regard intrigué du solitaire, la brune se retourna, passant une main dans ses longs cheveux en les faisant voleter, puis enfourna ses mains dans ses poches et se laissa tomber comme une pierre sur le canapé, adoptant une position masculine qui suscitait encore plus la curiosité de l’autre occupant de la pièce qui restait dans sa position, néanmoins les yeux grands ouverts pour l’observer. Sa curiosité était bien titillée, de une par l’objet que cette fille avait avec elle, de deux par les réactions face à son comportement –Celui de Yûshû- et de trois par ses deux soupires, comment quelqu’un pouvait soupirer de la sorte rien qu’en regardant par la fenêtre, voyant les autres s’amuser. Plus il repensait, plus il se disait que cette brune lui ressemblait…cette même réaction face au monde extérieur, ce même air « blasé », à croire qu’elle aussi ne voyait plus la vie comme les autres.
Le garçon commença doucement à se redresser, s’asseyant sur le canapé, et s’étira de tout son long en portant une main à sa bouche, cachant l’intérieur grand ouvert à la fille devant lui. Avec le dos de ses mains, successivement, il s’essuya les yeux à la même manière d’un félin puis se gratta l’oreille de chat droite, comme si celle-ci était une vraie, mais ce n’était qu’un réflexe qu’il avait pris à force de le faire. Ensuite il reposa toute son attention sur cette fille à la batte, penchant légèrement la tête sur le côté comme un chat qui s’interrogeait sur quelque chose. Levant la main de son genou, il pointa avec l’index le morceau de bois posé sur le lit et finit par prendre la parole avec une voix légèrement enraillée par le sommeil et aussi sombre qu’à son habitude :

« Pourquoi te balades-tu avec un tel objet ? As-tu peur que quelqu’un t’agresse ? »

Il n’y allait pas par quatre chemins, toujours aussi direct quand il parle. Il n’avait même pas pris la peine de se présenter, ni même de formuler une quelconque parole demandant de s’excuser pour ces questions, il n’était pas habitué par ce genre de chose. Gardant le doigt pointant le bout de bois et la tête légèrement penchée sur le côté, le jeune solitaire se mit à bailler et couvrit sa bouche à l’aide de sa main libre avant de s’essuyer les yeux, à chaque fois quand il était bien fatigué, une larme humidifiait le coin intérieur de chaque œil.

Assise sur son canapé , affichant toujours cet air fort intrigué , la demoiselle ne quittait pas des yeux l’homme félin . Ses yeux émeraude plantés sûr lui , comme si elle avait voulu le transpercer du regard . Il n’y avait cependant rien d’hostile de cela . Ce garçon avec ses oreilles de chats l’étonnait , il suscitait un intérêt que jusqu’alors , la fille à la batte n’avait eu pour une quelconque personne . Oui , ce garçon était un des rares privilégiés . Ce garçon était assez bizarre pour que la jeune fille s’intéresse à lui , tout simplement .
Malgré le fait qu’elle ne cessait de l’observer , de le scruter , elle fut surprise de le voir se relever , d’où la raison qu’elle sursauta légèrement , se retenant de ne pas montrer son trouble : ce serait si terrible pour elle de prouver qu’un vulgaire être humain titille son intérêt particulier . Enfin , le garçon chat daigna bouger , adoptant toujours une attitude féline . Dans chacun de ses geste , la fille aux yeux émeraudes l’analysait , cherchant à savoir si ce n’était qu’une plaisanterie ou si il était véritablement ainsi . Mais à le voir gratter ainsi son oreille , qui était avant tout en tissus , la demoiselle se dit après tout , qu’il avait sûrement une case en moins … Ou plus .
Et face à ce spectacle , la fille à la batte ne put réprimer une grimace de … de surprise ! Encore et toujours cette foutue curiosité qui l’habitait . Ce garçon était vraiment un cas particulier pour susciter autant d’intérêt et de réactions chez la demoiselle . Cependant , ce trop grand intérêt fut refroidi lorsqu’il parla -au moins , il ne miaulait pas- , eh bien oui , elle fut comme coupée dans son élan , sa voix si sombre la ramenant à une sorte de réalité . Bien sûr , elle récupéra son regard si froid . Comme quoi , de simples paroles changent tout . Quelle surprise qu’il parle le premier , tout de même .
Enfin , elle l’écouta , avec une certaine importance , dissimulée cependant . Et alors , le garçon félin la questionna . Et lorsqu’elle les entendit , elle faillit fondre de rire . Elle ne pût cependant réprimer un petit rire . Un rire assez léger mais toujours empreint de cette ironie devenue habitude chez la solitaire . Elle , avoir peur ? Peur que ces paons endimanchés que formaient la population terrestre l’agressent ? C’était plutôt eux qui mouillaient leur pantalon . Franchement , il était marrant ce garçon . Un peu naïf cependant aux yeux de la demoiselle .
Une fois son fou rire qui sonnait faux calmait , elle se décida à lui répondre . Elle attrapa le bout de bois , Roberta , qu’il montrait impitoyablement du doigt et le pointa droit vers le jeune homme .

« Vois-tu , cet objet est quelque chose de précieux . Je dirais même mon meilleur ami .»

Elle afficha alors un large sourire triompheur , repensant à tout ce qu’elle avait pu faire avec cette batte . Mais n’était-ce pas désespérant de savoir que son seul « véritable ami » n’était qu’un bout de bois ? N’était-ce pas pitoyable ? Bien sûr que ça l’était , pour n’importe qui ne connaissant pas la demoiselle . Pourtant , chez Kin , c’était la meilleure chose qui lui soit arrivé . Cette batte était son trésor , la seule chose qu’elle était capable d’aimer , la seule chose qui lui tenait vraiment à cœur . Seulement , peu de personnes étaient capables de le comprendre et la jugeaient folle , idiote … Et elle s’en fichait . Elle n’a pas de compte à leur rendre à leur compte après tout .
Enfin , puisqu’on était dans la session questions , autant s’en donner à cœur joie . Chacun son tours pour les questions , et c’était à présent son tour . La jeune fille , avec ce même sourire au coin des lèvres , choses inhabituelles d’ailleurs , réfléchissait . Oui , elle se demandait quelle question résumerait bien toutes les questions sui lui venaient en tête . Elle ferma un instant ces yeux , perdant son sourire pour revêtir un air penseur , puis enfin hocha longuement la tête , pensant ayant trouvé la bonne question .

« Et toi , pourquoi tu … »

Finalement , elle se stoppa dans sa question . Tout cela sonnait faux , à son humble avis . Pourquoi s’interroger à propos d’un inconnu ? Et si elle savait , ne serait-elle pas déçue ? La suite ne serait-elle pas ennuyante après ? Sûrement . Alors elle ne voulait pas savoir , point . Ce serait tellement triste après . Et ce jeune homme perdrait cet intérêt , alors qu’elle avait enfin trouvé quelqu’un de ne pas lourdaud , ni ennuyant ou fatiguant comme tout les autres . Elle préférait garder cela , faire durer ce petit jeu .
Enfin , elle rabaissa sa batte , Roberta , la posa contre le canapé comme l’avait fait précédemment le jeune homme - elle n’avait pas oublié qu’il semblait être maniaque - , puis se rallongea , tout simplement ; refusant d’ouvrir encore une fois la bouche . Mais , elle se mit sur le côté , appuyant son coude sur le canapé , et posant sa tête sur sa main , face au jeune homme . Pourquoi lui tourner le dos , après tout ?

Le doigt pointant le morceau de bois qui accompagnait cette fille, le jeune garçon affichait un air intrigué, tête légèrement penchée sur le côté avec haussement léger de sourcil, il se demandait toujours pourquoi quelqu’un se baladait avec une batte toute la journée. C’est alors qu’un fou-rire prit la maîtresse de la batte, entendu avec surprise par l’autre occupant qui baissa lentement sa main pour la mettre sur son genou, haussant les deux sourcils. Pourquoi riait-elle comme ça ? Avait-il dit quelque chose de risible ? Ses questions prêtaient-elles vraiment à rire ? Il venait à se dire que la compagnie des autres n’était pas pour lui, il préférait de loin rester tranquillement seul dans un endroit pénard à sentir le vent caresser ses cheveux.
Une fois que le rire sonnant très faux de la propriétaire du bout de bois fut calmé, celle-ci pointa le garçon avec son objet tout en répondant à sa question, affichant juste après un sourire comme celui après une rude bataille durement gagnée. Le solitaire ne put réprimer un air de surprise, une main partant doucement juste sous sa bouche entrouverte, les sourcils haussés. Quelle étrange fille qu’il avait rencontrée…une fille qui s’était liée d’amitié avec un morceau de bois, un lien très fort d’après ces dires. Ca l’intriguait encore plus, une autre question germa dans son esprit : pourquoi donc s’était-elle fortement liée avec un objet ? Pourquoi pas une autre personne ? Il ne pouvait le savoir…mais aimerait bien, ce garçon était encore un petit enfant curieux qui cherchait à tout savoir, jusqu’à la plus petite spécificité qui l’entoure, avoir des réponses et des hypothèses sur des phénomènes étranges…et en voici un qui n’arrivait pas à cerner.
Faisant descendre sa main sur son genou en reprenant un air indifférent, le Neko observa entre ses mèches son interlocutrice avec un intérêt bien dissimulé, celle-ci semblait chercher quelque chose, comme une bonne formulation pour une question, vu son air penseur ayant pris place sur ce petit sourire en coin qui s’était dessiné, pourquoi avait-elle souri comme ça ? Le garçon n’eu le temps d’y réfléchir alors que cette fille qui semblait avoir trouvé prit la parole mais y renonça très vite, s’arrêtant au milieu de ses paroles qui étaient une question. Pourquoi s’était-elle arrêtée en cour de route ? Cette question qu’elle allait énoncer était-elle si indiscrète que cela ? Yûshû affichait de nouveau son air intrigué, tête penchée sur le côté avec un plissement léger des yeux. Il voulait savoir qu’elle était cette question mais attendit que son interlocutrice s’installe comme elle le voulait.
Oui, après son refus de continuer sa question, la jeune fille rabaissa sa batte, la déposa comme avant contre le canapé puis s’allongea de nouveau, face au garçon qui gardait son petit air intrigué. Ce garçon ferma un instant les yeux et lâcha un petit soupire avant de prendre la parole, reprenant la question suspendue :

« Pourquoi je … ? »

Il observa la réaction de la fille et, se disant qu’il n’allait pas obtenir de réponse à cause de cet air, il se leva en s’aidant de ses mains, prenant appui sur le canapé. Ajustant son pantalon et son sweet-shirt, le solitaire dépassa le canapé de la demoiselle à la batte, se dirigea vers la fenêtre et s’y arrêta, regardant le paysage avec ce regard triste. Il posa un instant les yeux sur le ciel qui se colorait peu à peu de ces couleurs de crépuscule et y décela encore un avion blanc avec ses lumières pour annoncer sa présence. Sa main vint se poser au niveau de sa poitrine, à l’endroit du cœur, alors qu’il descendit le regard sur les jeunes qui s’amusaient comme des fous. Haussant les sourcils dans un petit soupire, le garçon regarda à côté de la fenêtre, attrapa le cordon qui soutenait le rideau et le tira, couvrant la fenêtre de ce rideau rouge bordeaux. Baissant légèrement la tête, il se retourna et revint s’installer sur le canapé, plus près cette fois-ci du feu pour poser son regard dessus. Un soupire de lassitude lui échappa pendant que sa main droite grattait une oreille de chat.

[Pas fameux, désolé]